Le personnage de Louis Simon 3/3
La transmission du manuscrit
Le manuscrit a été précieusement conservé dans la famille et est arrivé jusqu’aux descendants actuels qui ont bien voulu qu’Anne Fillon l’étudie et le replace dans son contexte. Ci-contre le bout de la chaine des « transmetteurs » du manuscrit de Louis Simon (reproduction d’une page du livre d’Anne Fillon « Louis Simon, villageois de l’ancienne France ». édit. Ouest-France.
Son statut d’homme qui sait lire, écrire, et qui, selon ses propres termes, connaissait « un peu les affaires », l’a fait sortir du rang. Et ceci d’autant plus que la rareté des notables de son village l’a propulsé à la tête des institutions locales. Cette promotion n’était d’ailleurs pas convoitée : « n’acceptez qu’à la dernière extrémité les places de maire et d’adjoint, ou autres charges de la commune, parce que c’est un travail que vous faites pour les autres et qui vous cause de l’embarras et des ennemis ».
La présence d’un père « instruit » a certainement contribué à élever le niveau de ses centres d’intérêts. La familiarité avec plusieurs curés lui a ouvert l’accès au monde des livres, en particulier de l’histoire et de la géographie. Il a eu aussi la chance de vivre soixante-dix-neuf ans, ce qui lui a permis de « perdre du temps » à lire et à écrire quand la loi du travail s’est faite moins rude.
Saisir toutes les chances qui lui furent offertes, aiguiser son talent naturel pour l’écriture, n’est-ce pas cela qui, sans être exceptionnel, demeure toutefois assez rare ?
C’est par son fils Paul et ses descendants que le précieux volume a été conservé jusqu’à nous.
C’est le seul témoignage venu d’un homme des campagnes resté villageois, et concernant la période charnière entre l’Ancien régime et l’après-Révolution. Et c’est parce que Louis Simon était un villageois ordinaire que ses souvenirs ont entraîné les historiens à poser un nouveau regard sur le monde rural de cette époque, notamment, sur la formation du couple et les relations familiales.